Jean-Michel Larqué, hommages et émotion
Alors que le PSG se prépare à
disputer la finale de la Ligue des champions face à l’Inter Milan,
Saint-Etienne, en 1976, avait perdu contre le cours du jeu face au
Bayern Munich (1-0). Malgré l’hommage de toute la France,
Jean-Michel Larqué avait été marqué au fer rouge par cette
défaite.
Si loin, si proche… Saint-Etienne est en effet passé à quelques
centimètres de connaître le bonheur absolu, le 12 mai 1976. Ces
quelques centimètres qui ont manqué à Dominique Bathenay puis à
Jacques Santini d’ouvrir le score en première période face au
Bayern Munich. Las, les deux tentatives allaient s’écraser sur les
poteaux carrés d’Hampden Park et les Allemands, doubles tenants du
titre, allaient inscrire le seul but de la rencontre après la pause
malgré la domination des Stéphanois.
Si ce n’est en Allemagne, la presse européenne prend d’ailleurs
soin de reconnaître la supériorité du club du Forez. « Le
meilleur n’a pas gagné » n’hésite pas à titrer Marca
tandis que le Sun écrit en une : « Le
Bayern vole la Coupe aux Français ». La presse écossaise
est à l’avenant en indiquant que le Bayern avait commis
« Un larcin ».
L’hommage vient également de toute la France comme en témoigne
l’accueil réservé aux Stéphanois, que ce soit à Paris ou à
Saint-Etienne. Les joueurs de Robert Herbin ont même droit à un
défilé sur les Champs-Elysées, où pas moins de cent-mille
supporters se sont réunis pour communier avec les Verts.
« Messieurs, la France, c’est vous ! », leur
lance le président de la République, Valéry Giscard d’Estaing à
l’Elysée.
Jean-Michel Larqué avait fondu en larmes
« À l’époque, Saint-Étienne était la capitale de la
France. Tout le monde se déplaçait à Geoffroy-Guichard pour nous
voir jouer », s’était souvenu Jean-Michel Larqué à
l’occasion des 40 ans de la finale maudite, avant d’expliquer
l’immense popularité acquise par les Verts.
« L’épopée de 1976 s’est construite sur la solidarité
exceptionnelle qui régnait au sein de l’équipe. Aucun joueur n’a
pris la grosse tête. Dans la ville, nous menions une existence
ordinaire. Pour aller chercher le pain, nous faisions la queue
comme tout le monde. On ne se comportait pas comme des
milliardaires, avait-il expliqué dans les colonnes du
Point. Surtout que nos exploits sportifs sont survenus à une
époque où la région stéphanoise commençait à subir la crise
économique : plans sociaux à Manufrance, fermeture du dernier puits
de mine, la manufacture d’armes au plus mal, etc. Seul le football
sortait la tête de l’eau et les gens se sont alors raccrochés à nos
exploits. L’ASSE était vue comme une bouée sauvetage et
représentait l’espoir, le symbole d’un avenir meilleur. Voilà
pourquoi ils ont inondé en vert la ville lorsque nous commencions à
briller sur la scène européenne : devantures de magasins, tramways,
vêtements et même les cheveux ! »
« On est dans l’affectif, une dimension plus profonde
que la talonnade ou le petit pont. Nous avions tout simplement
dépassé le cadre du football », avait-il encore
expliqué.
Le capitaine de Saint-Etienne s’était montré bien moins prolixe,
quarante ans plus tôt au lendemain de la finale perdue contre le
Bayern. « Être éliminé de la façon dont nous avons été
sortis de la compétition, ce n’est pas un déshonneur et nous
n’avons pas à en avoir honte », avait-il seulement confié
avant de fondre en larmes après une relance d’un journaliste, le
natif de Bizanos se montrant incapable de retenir ses pleurs.
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