Les pilotes ne veulent plus payer d’amende au moindre gros mot
A l’instar de leurs collègues de
la Formule 1, les pilotes de rallye ont publié un communiqué pour
dénoncer les sanctions financières dont ils font l’objet dès que
leurs propos, sous le coup de l’émotion, deviennent un peu
grossiers.
10 000 euros pour un « fucked up ». A l’issue du
rallye de Suède il y a huit jours, le pilote français Adrien
Fourmaux avait écopé d’une grosse amende pour avoir dit qu’il
« avait merdé », et cette sanction a été la goutte d’eau
qui a fait déborder le vase. Comme en Formule 1, les pilotes de
rallye WRC ont été priés par la Fédération internationale de
l’automobile de modérer leur langage pendant la course, eux qui
sont filmés en continu pendant les rallyes et à qui on demande leur
avis après chaque spéciale. Forcément, il arrive que les propos
soient un peu grossiers, et la FIA a donc mis en place un système
d’amendes. Un système que les pilotes dénoncent via un communiqué
publié ce lundi afin « d’exprimer leur opinion, rechercher la
clarté et coopérer vers un avenir meilleur. »
« Cette situation a atteint
un niveau inacceptable »
« Que ce soit en traversant des forêts denses, sur des
routes gelées au cœur de la nuit ou dans la poussière de pistes de
gravier dangereuses, nous repoussons nos limites – contre les
éléments, contre la montre et contre nos propres limites. Au-delà
de la course, notre rôle s’est élargi. Aujourd’hui, les pilotes et
copilotes de rallye ne sont pas seulement des athlètes, mais aussi
des artistes, des créateurs de contenu et des figures médiatiques
constantes. Des smartphones des spectateurs aux caméras officielles
du WRC, nous sommes censés être disponibles à tout moment –
avant, pendant et après la compétition, de l’aube au
crépuscule. »
« Ces derniers mois, on a constaté une augmentation
alarmante de la sévérité des sanctions imposées pour des
manquements linguistiques mineurs, isolés et involontaires. Cette
situation a atteint un niveau inacceptable. Le langage courant ne
peut être considéré et jugé comme équivalent à une véritable
insulte ou à un acte d’agression. Les locuteurs dont la langue
n’est pas la langue maternelle peuvent utiliser ou répéter des
termes sans avoir pleinement conscience de leur signification et de
leur connotation. Quelques secondes après une poussée d’adrénaline
extrême, il n’est pas réaliste d’espérer un contrôle parfait et
systématique des émotions. Le rallye est extrême : niveau de risque
pour les sportifs, intensité de la concentration, longueur des
journées… toutes les limites sont atteintes. Dans un tel cas, nous
nous interrogeons sur la pertinence et la validité d’imposer une
quelconque sanction. De plus, les amendes exorbitantes sont
largement disproportionnées par rapport au revenu moyen et au
budget des rallyes », écrivent les pilotes, qui concluent en
se demandant où va l’argent des amendes. Le prochain rallye se
déroulera dans un mois au Kenya. L’occasion de trouver une solution
entre les pilotes et les dirigeants de la FIA ?
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